A L’ORIGINE.

Il semble que la Famille Bishop aie toujours attiré les tragédies. Alors que leur mère, Sesi, mourrait brûlée à Salem, John et Maria vinrent s’installer à la Nouvelle Salem, comme d’autre sorciers de cette époque le faisait. John et Maria pensaient qu’ainsi, ils échapperaient au malheur, et à la malédiction. Malédiction lancée par Grant Mantion, après avoir découvert que sa femme, Maria, l’avait trompé et portait l’enfant de son amant.
« Je t’en supplie Grant, je t’en conjure, ne me prend pas la vie de mon fils. Par pitié. » Sanglotait Maria agenouillée dans la chambre face à son mari. Grant la regarda avec dégout, il n’avait jamais été un homme bon, et connaissait les bases de la magie du sang, mais il aimait Maria. Ou plutôt il l’avait aimé. « Très bien. » dit-il une lueur de triomphe ses yeux sombres, « la vie de ton fils sera épargnée… » Le soulagement dans le soupir de Maria lui donna une furieuse envie de se jeter sur elle et de resserrer ses mains autour de son cou si pâle, si fragile. Disons que je l’épargnerais plus ou moins… songea-t-il en cherchant son Livre des Ombres, caché sous le sommier. Il tournait les pages frénétiquement animé par la folie lorsqu’il s’arrêta sur une page bien précise. L’incantation était parfaite. Il se servit du pouvoir du feu. Le pouvoir des passions, des rages et des colères, pour invoquer ce qui serait une malédiction. Il claqua la porte derrière lui violemment, laissant Maria à ses larmes.

« Que le Feu, pour sa trahison, maudisse à tout jamais Maria Bishop, sa famille, et ses descendants. Que chaque enfant ait à enterrer au moins un de ses parents avant l’âge de 15 ans. Que le Feu me l’accorde, moi qui l’aie toujours fidèlement servi. Leur lignée doit s’éteindre. » Prononça Grant en soufflant la dernière bougie du pentagramme qu’il avait dessiné, sanguinolant. Deux jours plus tard, Sesi était arrêtée, puis brûlée, sans jugement, sous les yeux de ses deux enfants John et Maria.
« Nous devons partir. » murmura John à l’oreille de sa sœur, tandis que le bûcher se consumait « Ils ne tarderont pas à venir pour nous. » Maria acquiesça silencieuse, les joues ruisselantes et le visage froidement impassible, elle jeta un regard au père de son enfant. Lui-même qui quelques heures plus tôt avait mis un terme à leur relation, sans qu’elle ait eu le temps ou le courage de lui avouer qu’elle était enceinte. « Allons-y. On parle d’un endroit où des gens comme nous sont parti tout reconstruire. Nous irons là-bas. » Chuchota John en attrapant sa sœur par le coude pour la tirer hors de la foule.
Aucun d’eux ne savait ce qui les attendait. Aucun d’eux ne comprendrait, car ils n’avaient connaissance de la malédiction. Maria mourut donc en donnant naissance à son unique fils, il fut élevé par John, qui lui n’eut jamais de femme ni d’enfant, trop torturé par les morts si proches de sa mère et de sa sœur. Ainsi la fatalité vit à la Nouvelle Salem depuis sa fondation.


CURSE.

« J’ai retrouvé ton ancien employeur. » La voix d’Edha Bishop était glacial, effrayante. « Mais enfin chérie, qu’est-ce que tu racontes ? J’ai toujours été jardinier à mon compte. » Dit Stephen sans se retourner, continuant à émincer ses légumes. « Tu n’as pas été que jardinier. Tu recherchais… un certain type de personne. » Stephen se retourna, le regard apeuré. « Chasseur, assassin, tu n’es pas des notres, quoi que ta lignée puisse en dire. Tu as pactisé avec l’ennemi. Cela fait parti du plan de t’intégrer dans une famille ? Pour que tu puisses mieux tuer tes propres enfants ? » Accusa Edha, bien trop calme pour être honnête. « N… Non. Non, pas du tout, tu sais que j’adore les enfants ! J’ai tout arrêté parce que je suis tombé amoureux de toi, tou… toutes ces années je vous ai protégé de mes anciens amis, venant pour me faire payer ma trahison. Tu dois me croire Edha, je ne te mens pas ! » Bégaya Stephen affolé. Sa femme le regarda, animée par la fureur. « Et tout cette petite histoire, tu l’as inventée avant ou après avoir tué ma bien aimée sœur ? La seule famille qui me restait, la seule famille que j’ai jamais eue ! »
La suite fut étalée dans tous les journaux.

« Stephen Howe, jardinier apprécier à la Nouvelle Salem a été retrouvé mort, poignardé, le corps froid et les yeux exorbités, les mains sur le couteau de cuisine. Aucune trace, d’aucune sorte. Suicide ? Meurtre ? Et que penser de la mystérieuse disparition de sa femme ? Est-elle l’assassin ? Ou bien son corps n’a-t-il pas encore été retrouvé ? S’est-elle échappée pour fuir une quelconque menace ? Dans tous les cas c’est une terrible épreuve pour leurs deux enfants Dylan et Elisabeth, âgés respectivement de 13 et 10 ans. L’aîné est d’ailleurs celui à avoir appelé la police. Ila trouvé le corps de son père gisant sur le sol, alors qu’il rentrait de chez ses cousins où sa cadette se trouvait toujours. Pour l’instant, les deux présumés orphelins seront gardés par leur oncle, veuf depuis plus de quinze ans et à présent remarié. On ne cite plus les bienfaits d’une famille recomposée mais tout de même… Nos cœurs, pensées et prières accompagnent la famille durant cette affreuse tragédie.»

Dylan froissa le journal en boule et le jeta, énervé, sur le sol. « C’est n’importe quoi. Maman n’aurait jamais fait un truc comme ça ! Va falloir faire attention Liz, quelqu’un doit en avoir après nous, après nos pouvoirs. Enfin, les miens et ceux que tu auras. » Lizzie, assise sur la table de la cuisine regardait son frère en balançant ses jambes l’une après l’autre, comme si elle était sur une balançoire. « Ecoute, en septembre tu vas rentrer au collège, et les gens vont agir bizarrement avec toi comme ils le font avec moi. Ça sera pire quand tu auras tes pouvoirs. » Dylan parlait avec cet air solennel du grand frère qui croit tout savoir. « T’es pas un adulte Dylan ! T’as pas à me dire ce que je dois faire. » Le jeune homme regarda sa petite sœur interloqué. « Mais tu sais rien de la vie ! Rien ! » Liz leva les yeux au ciel. « Tu n’as que trois ans de plus que moi crétin… » Dit-elle en sautant sur le sol. « Je vais dehors, jouer avec nos cousins, tu viens ? » Et elle sortit sans attendre même la réponse.


FIND.

Les deux enfants Howe se trouvait dans leur ancienne maison, 4 ans s’étaient écoulés depuis le terrible meurtre de leur père, l’enquête n’avait jamais aboutie. Ils avaient enfin eu le droit de récupérer et de trier les affaires de leurs parents.
« Si les flics n’ont rien trouvé c’est que ça doit être vraiment bien caché… » Annonça Lizzie en tournant lentement sur elle-même pour détailler le bureau de sa mère. « Du genre caché par un sort. Je vais regarder si je trouve quelque chose dans le livre des ombres de maman. » Dit Dylan en s’asseyant sur un des confortables fauteuils faisant dos à la bibliothèque. Lizzie vint se poser sur l’accoudoir. « Je pourrais le faire ? Dylan steuplait ! » Son frère soupira. « D’accord… mais je t’aiderai, tes pouvoirs ne sont pas assez puissant et développé pour le moment… Ah ! Regarde ça, ça peut marcher je pense. » Lizzie parut sceptique. « Mais… on sait même pas ce qu’on cherche Dylan… Très bien très bien » accepta-t-elle alors que son frère la tirait par le bras impatiemment pour qu’ils se trouvent tous les deux au centre de la pièce. « Mais si ça ne marche pas, c’est moi qui choisit le prochain sort ! » Dylan soupira, ses doc martens, son jean déchiré et son blouson en cuir donnait l’impression qu’il était possédé par l’esprit rock’n trash des années de jeunesse de leurs parents. Il pris les mains de sa sœur et ferma les yeux.

« Air, prête moi ta clarté, et mène moi à ce que je désire trouver. Air, prête moi ta clarté, et mène moi à ce que je désire trouver. Air, prête moi ta clarté, et mène moi à ce que je désire trouver. »

Répétèrent-ils en cœur, laissant leur voix se mêler. Une brise se leva, qui se transforma en puissante tempête. Tout s’arrêta lorsqu’ils eurent terminé. En ouvrant les yeux, Lizzie s’attendait au pire, à ce que tout soit dévasté. Mais il n’en était rien. Le bureau était parfaitement rangé, comme il l’avait toujours été. A un détail près. Une étagère de la bibliothèque et tous les livres qu’elle contenait étaient étalés sur le sol, dévoilant ainsi un double fond, rempli de vieilleries, de parchemins. Lizzie et Dylan se précipitèrent pour regarder ce qui s’y trouvait. Ils trouvèrent un arbre généalogique remontant aux origines de la lignée Bishop, des listes de noms, des documents concernant les chasseurs de sorciers. « Il faut qu’on prenne tout ça avec nous, qu’on le cache et qu’on en parle à personne. » Ordonna Dylan. Ils s’appliquèrent à rassembler l’impressionnante quantité d’informations et sortirent de la maison. Ils cachèrent tout dans la chambre de Dylan en attendant de trouver une meilleure solution. Lizzie partageait la chambre avec sa cousine, et Dylan avec deux de ses cousins, mais les deux étaient à l’université et ne rentraient que durant les vacances. Cela leur laisserait le temps de réfléchir.


NOW.

« Dylan, j’aimerai consulter des documents de maman, sur les chasseurs. Mais lorsque je récite l’incantation, ils ne sont nulle part. » Lizzie était penchée au-dessus de son frère, ses longs cheveux blonds tombant pour lui chatouiller le visage. « Dylan je te parle. » Dit-elle en lui retirant les écouteurs qu’il avait dans les oreilles. « Qu’est-ce que tu veux ? » Grogna-t-il en se redressant. « T’es sûr que ça va ? T’es bizarre en ce moment… t’as consommé des trucs pas clairs à la fac et ça t’a bloqué tes connections nerveuses ou quoi ? » Cracha Lizzie en enlevant son perfecto de cuir, qu’elle jeta négligemment sur la tête de son frère. Dylan grommela « Ils sont plus là. Je les ai emmenés avec moi à la fac. » Lizzie se retourna à une vitesse fulgurante vers son frère. « Tu te fous de moi ? Tu les as pris sans même m’en parler avant ? C’est pas ta propriété ! D’abord le Livre des Ombre et maintenant ça ! Tu vas les ramener ici Dylan ! J’ai envie de les consulter ! Je suis sa fille aussi ! » S’emporta-t-elle, furieuse.
Après un moment de silence, Dylan regarda sa sœur avec un mélange d’exaspération et d’attendrissement. « Bien sûr que tu es sa fille. » Il se leva pour lui remettre une mèche de cheveux en place. « Mais je n’ai aucun ordre à recevoir de toi. Je les utilise, et je vais les garder. Cette discussion est terminée, maintenant sort de ma chambre. » Cracha-t-il d’une voix haineuse. Lizzie recula d’un pas, comme choquée par l’attitude de son frère. Elle l’aimait plus que tout, mais il devenait de plus en plus torturé et elle ne comprenait pas pourquoi. « Terre, mon… » Commença-t-elle avant que Dylan ne lui coupe la parole. « Tu sais très bien que tu n’es pas assez expérimentée... Feu… » Récita-t-il quand Lizzie l’interrompue. « Attend ! Dylan… Feu ? Depuis quand invoque tu le Feu sans raison particulière, pour un sort insignifiant ? Tu es affilié à l’Air... Dylan qu’est-ce qu’il se passe… ? » Lizzie n’obtint jamais de réponse. Son frère la mis dehors, sans information et toujours sans Livre des Ombres.