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« Alinka Jezabel, Leavingfield ! »

A l’élocution de son patronyme en entier, Alinka savait qu’elle n’était pas en bonne posture. Lâchant les rollers qu’elle allait enfiler à ses pieds, elle se présenta piteusement devant sa mère, et étant peu fière de s‘être fait prendre la main dans le sac, elle gardait ses yeux rivés sur ses chaussures, ce qui valait mieux que d’affronter le regard sévère de Manuella.

« Que t’ais-je déjà dit à propos de ce sport dangereux ? »
« Mais mère, tout le monde en fait, et puis je ferais attention, je n’ai pas besoin d’en faire comme des professionnels. Je trouvais, que c’était un moyen de se promener en ville un peu plus attrayant que la marche à pieds. »

N’aimant pas qu’elle fasse d’activités jugées comme « dangereuses », elle ne fit jamais partie d’une équipe dans les différentes écoles qu’elle eut faites. Bien qu’elle aime ses parents, elle ne se sent pas proches d’eux pour autant, trouvant qu’ils ne se comprennent pas et que la communication est bien difficile. Regardant Manuella avec un regard de merlan frit, elle comprit que la bataille était perdue d’avance et se résigna, partant s‘installer au piano pour jouer un air de Bach. Elle avait commencé le piano alors qu’elle avait cinq ans et déjà à douze ans, elle pouvait prétendre à un certain niveau. Il n’était pas rare que le soir, après le repas, elle se mette au piano pendant que sa mère terminait de ranger la cuisine et que son père fumait un bon cigare en lisant le journal qu’il n’avait pas eu le temps de terminer le matin avant de partir au travail. Lorsqu’elle jouait, elle avait toujours cette même sensation d’évasion. Comme si un jour, sa vie serait plus palpitante que ce qu’elle n’était en ce moment. Oh doux rêve.

Lorsqu’elle se sentie apaisée, elle mit la note finale au morceau avant de montrer dans sa chambre et de s‘allonger sur son lit, laisser son esprit divaguer sur la vie parfaite dont elle rêvait, remplie d’aventures, de drames romantiques et d’action, comme tout les livres qu’elle dévorait.


002 ;
« Alinka, peux-tu venir ? »

Lorsqu’elle entendue la voix de son père résonnée dans le couloir, Alinka posa le livre qu’elle était en train de lire pour se diriger vers la cuisine d’où provenait la voix. Assis à table, Aleksandr était en train de prendre un café tout en lisant le journal. C’était un homme grand et robuste sur lequel on avait l’impression que l’on pourrait toujours compter tout au long de sa vie. La jolie blonde avait toujours eu un sentiment d’admiration pour lui depuis sa plus tendre enfance et bien qu’elle soit à présent une jeune femme cela n’avait pas changé. Elle savait qu’un jour, quand elle tomberait amoureuse, ce serait d’un homme comme lui qui pourrait lui procurer amour, sécurité et bonheur. De toute façon tout allait de pair selon la belle italo-russe. Prenant place à côté de lui, elle lui décrocha l’un de ses plus beaux sourires pour lui montrer qu’elle était attentive à ce qu’il allait lui dire.

« As-tu passé une bonne journée, pulcino ? »
« Excellente père. »
« Nous allons déménager, dimanche prochain. »
« Ah… Mais, ce n’est pas un peu précipité ? »
« Nous n’avons pas le choix pulcino, je dois aller travailler la bas, et cela te donnera l’occasion, avec ta mère, de découvrir l’Amérique. »
« L’Amérique. Tu veux dire New-York ? »
« Pas exactement. Nous allons allez vivre à La Nouvelle-Salem. »
« Salem comme la ville aux sorcières ? »
« Je t’ai déjà dit que tout ça n’était que des mythes de vecchia donna ! »
« Oui. Pardon, père. »

Ainsi, elle allait déménager, commencer une nouvelle vie. En apprenant le déménagement en Amérique, Alinka fut partagée entre la joie, l’excitation et la peur d’être rejetée dans une ville ou tout le monde était déjà lié et où il n’y avait pas de place pour de nouveaux arrivants. Trouvant en cela, une chance de changer sa vie qu’elle n’avait jamais particulièrement aimé, elle fit son inscription dans les cheerleaders à la rentrée pour facilité son adhésion au lycée et connaitre de nouvelles personnes rapidement. Bien qu’elle ait pensé à la chorale au début, elle déchanta bien vite lorsqu’elle connue la réputation du club. Etant fraichement débarquée, elle ne voulue pas prendre le risque d’être cataloguée comme ringarde et inintéressante dès son arrivée.


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« Tu es nouvelle ? »
« Oui. Je suis arrivée hier. »
« Ca se voit tout de suite que tu n’es pas du coin. Tu viens d’où, d’ailleurs ? »
« De Milan. »
« En Italie ?! »
« Oui. »

L’évocation de sa ville natale provoquait toujours un léger pincement au cœur pour la belle blonde qui avait un peu le mal du pays. Elle était heureuse de venir vivre en Amérique, mais son chez soi, ses bonnes vieilles habitudes, et surtout sa nourriture lui manquait. Ici on ne mangeait que des burgers ou autres choses où le fromage dégoulinait tout comme l’huile. Où était le pesto ? Le risotto ? Il n’y avait pas à dire, pour Alinka, l’Italie resterait pour toujours le meilleur pays au monde où l’on mange bien, où l’art est à son apogée, où la mode se développe et où l’accent chantant nous met de bonne humeur dès la première heure. Cependant, ce n’était pas le moment adéquat pour penser à tout ce qu’elle avait laissé derrière elle en déménageant. Aujourd’hui était son premier jour dans son nouveau lycée et après avoir terminée son inscription administrative, on lui avait indiqué que ce jeune homme, Andrew, allait lui faire visiter les lieux pour qu’elle commence à se familiariser avec l’endroit. Alors qu’elle tournait à droite au bout d’un couloir, elle l’entendait lui expliquer brièvement quels cours avaient lieu ici et là, mais la jeune femme n’avait pas le temps de tout comprendre qu’il passait déjà à autre chose. Enfin, lorsque la visite fut terminée, Alinka souffla un grand coup et sortie dehors, marchant le long du terrain, regardant au loin quelques garçons s‘entrainer au foot. Elle prit alors une cigarette, la cala entre ses lèvres et l’alluma à l’aide d’un briquet avant de tirer une première bouffée dessus avec délectation.