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| Et le goût terreux de ces étreintes labourées à pleine dent. | |
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Invité
| Sujet: Et le goût terreux de ces étreintes labourées à pleine dent. Ven 2 Déc 2011 - 13:00 | |
| « Hé poussin tu rentres déjà chez maman ? » On ne distinguait d’elle que des bas rayés, comme s’ils palliaient le manque d’attraits du reste par leur mouvance barbiturique et leurs contours oblongues qui écrivaient d’eux même les mots suave lascif et voluptueux. Du genre les sinuosités qui drainent vos expectorations tendancieuses, qui catalysent la véhémence insoupçonnée de vos entrailles envers tant de décadence affriolante. Du genre ces gorges interdites qui se taisent et recueillent vos expiations libidineuses ; on était jamais revêtu de son plus simple appareil qu’en la compagnie de ces âmes. Dans un monde ou la valeur humaine se marchandait à grand renfort de compromis et de concessions, il n’y’avait rien d’étonnant à ce que l’heure de révélation à soi-même ait un prix. Cotisation au monde des galbes qui se déhanchent au ras du ciel… Celle-ci avait dû ajourner son séjour sous la fange stratosphérique sans pour autant se contraindre à cette parenthèse (l’emploi gerbe ses inflexions victimaires au creux des habitudes) ; y’avait encore quelques relents dans ses yeux azur, d’infinis paradis. Sa chute de rein suintait des pires promesses ; celles issues de ses propres désillusions. Du genre Approche, qui que tu sois, affronte donc ta jouissance et toutes tes déviances, institutions de ton idiosyncrase qui porte si bien ses œillères, non vis-à-vis du monde mais bien vis-à-vis d’elle-même, de ses plus ineffables tendances…Approche qui que tu sois, approche avec tout ce que tu possèdes d’attentes, habite moi, chien fou, dilué de la tête, approche…que j’hante ensuite tes nuits vouées aux taciturnes considérations quotidiennes. Approche que je m’arroge tout apophtegme et qu’à mon souvenir ton couvre lit soit désormais noir ; d’attentes et de vaines espérances quant à ce que ta femelle sera à même de t’offrir. J’avais pour ma part donné congé depuis quelques lustres aux rumeurs de bonne conscience, d’acquis velléitaires et de conduite estimable. Je louais par là même le contexte qui avait accouché de mes capacités à considérer l’humain dans sa plus commune mesure ; un amalgame d’atomes qui s’encombrait d’un schéma social lors même que toute interaction avec autrui ne pouvait être que physique. On avait biaisé la sélection naturelle dans la perspective de se convaincre qu’il y’avait un sens autre ; au-delà d’une commune destinée. Il fallait de l’indicible. Foutaises, le monde était d’essence scatologique ; rien ne se crée tout se transforme ; si ça se trouve les récits bibliques atrophiaient les fait ; l’Homme original n’était qu’excréments délétères. Le temps nous était octroyé et tous œuvraient à ménager leur palpitant. Tous ? Non ! Un duo d’irréductibles gamins Zbaf J’avais personnellement cessé mon existence saprophyte. Et la magique étude empirique avait signé la recrudescence pulsatile et sanguine qui m’accueillait à chaque aube, enclin à définir ces attentes opportunistes, modelables à souhait, qui ne s’encombraient nullement de la crainte handicapante de l’inexploré. J’étais de ces sanguinaires existentialistes, de ces scélérats qui festoient lorsque les fées et toute l’aura confortablement niaise qu’elles sèment se démantèlent sous les assauts des déconvenues inconcessionelles. Ils m’avaient accueilli depuis longtemps en leur communauté. Et c'est ainsi que je me repaissais du pus des plaies de la populace noctambule dont les consciences trop austère m'ouvraient le chemin.
« Illia…Ma défunte mère n’est point mon hôte, mais si tu te substitue à elle j’invoquerai de scabreuses intentions incestueuses. Je peux tout aussi bien rendre visite à la tienne, ça doit la rendre désespérément belle les émois de sa fille. Je subodore ses traits catatoniques rajeunis par tes frasques. »
Illia c’était une mère aux yeux grèges corrodés par l’offensive glaucomienne qui conférait aux veines de l’âge de lasses turpitudes. Illia c’était un noyau familial érodé au mitant d’une filiation ayant emprunté des voies peu vertueuses. La décrépitude maternelle était-elle à incomber aux dépravations de sa progéniture ou à ses pathologies avilissantes ? Réponse indéterminée qui se répercutait en échos virulents disloquant l’individualité de la jeune femme. Elle se leva, prestement, prenant appui sur la façade ou les plus éméchés s’enhardissaient à se confondre dans les tentatives de pisser plus loin que leurs voisins proches ; c’est aux abords des boîtes de nuits que l’on constituait le Guinness des records. Elle me considéra de son nez ébeen ostentatoirement outré, dominée par le cheminement de ses convulsions contenues (je devinais à ses pupilles évasées que le réseau transitoire de la ville avait intercepté une marchandise de premier choix.), désireuse sans doute de me faire taire ; elle n’en était que peu crédible ; pour dire l’exacte vérité il prédominait une exacte similitude avec le comportement du canidé qui se révolte pour la forme mais demeure indissociable de la considération de son maître.
« Zec…Ils demandent pas une carte d’identité pour arpenter ces lieux ? M’étonne que tes airs aient juvéniles aient l’opportunité de reparaitre par ici. »
Initialement elle avait pensé qu’il lui faudrait chérir son âme d’enfant comme le secret de la maturité vraie, insolent paravent aux désenchantements. Mais cette infectieuse sensibilité aux êtres et à leurs mondes, foutue cohorte de serviles manants, étriqués égocentriques, consommait les derniers replis sains de son âme condescendante et Dieu que je jouissais de ce regard cru, démiurge de ses propres déroutes ! Elle avait toujours gratté l’épiderme de mon faciès ayant instructivement pris connaissance du gage d’abandon débridement obscène et licencieux qui se morfondait dans ses expectatives salaces sous cette virginale peau virginale. Elle savait me consommer, et que cet abandon inusité, trop rare pour être éludé, requerrait les concessions de son être dans ce qu’il avait de plus parcellaire ; je ne me délectais que des soumissions volontaires que j’absolvais de toute morale. Il n’était pas rare que je les répudie une fois leurs pores souffreteux élagués par tant d’acharnement bestial. Je la percevais éjà prête à courir le risque ; antagonisme de l’être masochiste dont l’esprit glane la souffrance en slaves compactes et dont le corps gémit de ces exactions.
« Tu serais venue de toi-même quérir ces airs juvéniles et leur octroyer un pass VIP si j’avais été cantonné au seuil. »
Je n’avais pas goût à déblatérer ce soir. Voix incisive qui soulignait un regard aux teintes tortueuses ; elle me savait être l’orfèvre de sa nuit, et cette dépendance me gorgeait déjà d’une satisfaction qui étirait mes commissures en un rictus détestablement cynique qui arborait quel qu’échos espiègles, vestige d’une pureté adolescente qui s’était employée à se saborder elle-même. Elle me détailla en ultime investigation vaine ; était sûrement à l’œuvre son indécrottable penchant humain à déceler quelque logique que ce soit dans mon comportement dévastateur, et dans un mouvement de tête intime le silence à son orgueil, elle s’éloigna, glanant ma présence dans ses pas, vers les quelques caisses archivées à quelques mètres. Quelques chacals vainqueurs ivres, gueulaient leurs esclandres aux âmes trop pleines et abandonnées sur le trottoir. A les voir je savais que si j’appréciais cette antichambre où la singularité côtoyait la plus usuelle déchéance de certains, par eux même initiée, c’est qu’ici la nuit gondolait tel un vieux papier assaisonné d'eau froide. J’en aurais écris un recueil d’obscénités graveleuses.
« Je suppose que c’est à additionner à ta note ? »
Je m’emparais des quelques pochons de speed qu’elle me présentait comme un brocanteur se débarrasse avec une certaine mélancolie de ses plus beaux éléments… En guise de réponse, ce fut ma main avenante sur ses cuisses ; seule douceur préliminaire. Déjà nos corps s’enchâssaient côté passager, ses hanches contre la boîte à gant.
Certaines folies ne se produisaient que sous l'oeil de la Lune, le néant discret glissait lentement, petit liquide foncé dansant sur nos membres. Illia ; enserrée par le mal extatique auquel elle était subordonnée, vice gouteux qui donnait à son cœur des allures de square. Tant de passage n’avait déséxué la chair qu’aux yeux de ceux qui étaient incapable de percevoir. Tenue en embryon au cœur névralgique des organes il y’avait encore de l’intimité à pervertir ; les plus immuables frontières franchies, il s’agissait d’imposer son être ; que se développe la vie morte née au sein des muqueuses nécrosées. La souillure de tant d’affres n’agrémentait que d’avantage mes instincts de patriarque de cheptel. Je baignais dans la fange comme un taudis humain là où d’autres usaient d’immersion argileuse pour prendre soin d’eux même. J’étais un Dorian Gray, gagnant en substance à chaque expérience. Finalement j’éclatais de toutes parts ; l’Olympe se déployait, royaume où s’entassaient mes cernes. Les ailes du désespoir s’avançaient, grandes ombres en demi-cercle sur le sol sans lumière, se fixent au dos de ma sbire en guise de regret. Je m’écoulais avec lenteur sur les lèvres idiotes de l’affolement. Résonnèrent mes éclats empreint d’une satisfaction terrifiante ; je possédais le rire, d’aucuns en aurait déduit que j’étais homme, d’autres, plus nombreux, que j’étais le diable.
L’outrage profanatique avait du annihiler les ultimes rampes d’Illia. Mon attitude ne devait pas être prescrite après usage de stupéfiant ; elle collapsait encore frémissante de chaleur. J’évacuais ce corps souillé d’humanité précoce et prenais le volant.
Après quelques kilomètres je ralentis ; regard posé au-delà du carreau, sur les chemins provisoires qui s’esquissent sous le tamis nocturne, déjà disparus. En quelques secondes tout repart en fil. La vitesse gomine le désordre apparent. Les vitres fermées gaspillent les rumeurs des feuillages. Je veux m'arrêter pour combler ce silence. Toute route tracée courtise le possible. Un jeu de dupe sur les cartes routières. Seuls quelques gémissements échappent au dessin. Et même moi n’aurait pu dire combien de galbes viendraient encore se coller au plastique de la boite à gant. Je m’arrêtais avoisinant un fossé, m’étendait sur le capot, allumait une clope et admirait la fumée portée à bout de rien par la nuit. Il y’a des paysages qui mordent les chevilles du temps, les bourgeons de lumières de la Salem noctambule sur l’horizon était de ceux-là.
Dernière édition par Ezechiel Joyce le Sam 3 Déc 2011 - 12:43, édité 2 fois |
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Invité
| Sujet: Re: Et le goût terreux de ces étreintes labourées à pleine dent. Ven 2 Déc 2011 - 19:40 | |
| Trois petits coups secs frappés à la porte de sa chambre lui firent lever la tête de son livre d'histoire, son stylo-bille en suspens au-dessus de sa feuille, tandis qu'elle haussait un sourcil interrogateur. « Sutton ? » Elle reconnut la voix de son père et elle eut un plissement de nez, agacé, sans prendre la peine de répondre, ce que son géniteur dut prendre pour une invitation car il ouvrit la porte et pénétra dans la pièce. « Dégage. » La jeune fille ne prit même pas la peine de le regarder, plongée dans son essai sur la Guerre d'Indépendance. Elle ne lui adressait plus la parole depuis cette sordide histoire, presque sortie d'un film, lorsqu'il l'avait trahie en la sacrifiant à Sade. Au souvenir de ce que tous deux lui avaient fait subir, ses doigts se resserrèrent sur le stylo, menaçant de broyer le fin plastique, sous l'effet de sa colère. « Je suis ton père, ne me parle pas comme ça. » Elle releva ses prunelles bleues sur lui, le fusillant du regard, outrée par autant d'impudence. « Les pères de mes copines ne les vendraient jamais comme tu l'as fait. » Il sembla plus ou moins touché par sa réplique cinglante, preuve qu'elle n'avait pas fini de lui en vouloir et qu'elle n'était pas prête de lui pardonner. « Mais... Tu es une sorcière, Sutt' ! » balança-t-il comme si cela valait toutes les explications du monde. C'en fut trop pour la jeune fille qui lui lança son livre d'histoire à la tête, se levant d'un bond de son lit, dans un grand envol de feuilles à carreaux. « Ca... Ca ne justifiait pas ce que tu m'as fait, ce que tu... » Elle eut un grognement exaspéré, attrapant son sac et ses clefs de voiture, bousculant son géniteur au passage et hurlant, alors qu'elle claquait déjà la porte d'entrée. « J'me trouverai un appartement, laisse tomber, j'veux plus te voir. » Elle s'enfonça dans sa voiture, une Ford Mustang qui appartenait à sa mère, la démarra en trombe et s'enfonça dans la nuit noire à toute vitesse, soucieuse de se débarrasser de ses ennuis, au moins pour ce soir. Elle avait agi stupidement, elle en était bien consciente, comment aurait-elle pu se trouver un appartement quand elle n'avait même pas un travail étudiant ? Mais sur le coup, ça lui avait paru la meilleure chose à dire, sûre que ça avait du blesser son géniteur, et c'était tout ce qui importait sur l'instant. Elle roulait sans vraiment de but, pensant même l'espace d'un court moment à quitter la Nouvelle-Salem pour ne plus jamais revenir. Elle en était encore à projeter sa fuite sans retour lorsque la vision d'une voiture sur le bas-côté attira son attention et la fit arrêter son propre véhicule. Bonne samaritaine, comme toujours, elle pensa aussitôt que le conducteur devait avoir une panne ou un problème quelconque, il n'y avait sinon aucune raison pour s'arrêter dans un endroit aussi isolé, pas même la vue, qui était bien plus belle plus bas. Elle éteignit moteur et phares et descendit de sa voiture, se dirigeant vers l'autre véhicule, silencieuse.
La lueur blafarde de la Lune lui révéla presque aussitôt l'identité de l'autre conducteur et elle ne put retenir un sourire meurtrier malgré elle, restant dans l'ombre pour l'instant, un peu en arrière. Ezechiel... A croire que les dieux se réjouissaient qu'elle puisse prendre sa revanche, même s'il fallait reconnaître qu'elle n'avait pas encore eu le temps de l'élaborer. Se lancer maintenant, c'était sans doute prendre un risque, mais une occasion comme celle là ne se représenterait peut-être jamais plus, il n'était donc pas question de la laisser filer. A vrai dire, Ezechiel ne lui avait rien fait et elle n'avait aucune raison de s'en prendre à lui, mais, faisant fi de ses beaux principes, elle n'avait pas hésité une seule seconde, quand, l'ayant déjà vu au lycée de Chance Harbor elle avait appris qu'il était le cadet des frères Joyce. Sans doute la seule personne qui comptait aux yeux de Sade, pas vrai ? Ainsi, en blessant Ezechiel, elle atteindrait Sade sans doute plus durement que si elle s'en était pris à lui personnellement. L'idée ne lui ressemblait pas mais Sade l'avait poussée à cette extrémité. Elle se décida finalement à sortir de la pénombre, les bras croisés sur sa poitrine, ne pouvant retirer de son visage ce sourire un peu trop agressif pour être vraiment avenant. « Un problème ? » Elle ne garda son attention maintenue sur le jeune homme que quelques secondes, sa main gauche se posant à plat sur le capot de la voiture, faisant chauffer l'eau du moteur jusqu'à ce qu'une épaisse fumée blanche s'échappe du véhicule pour s'envoler en volutes dans la nuit noire. Elle se moquait bien qu'il sache que c'était de son fait et qu'il la soupçonnât d'être une sorcière, après tout, maintenant que son père savait, ce n'était plus nécessaire de le garder secret. Elle retira ses doigts de l'habitacle. « On dirait bien que ta voiture est en panne. » Elle prit un air faussement désolé avant de le dévisager avec attention. Il y avait quelque chose dans ses traits qui rappelait Sade mais elle passa outre, trop occupée à prévoir la suite des événements. « Je t'ai déjà vu au lycée, non ? » Jouer les fausses idiotes n'était pas sa tasse de thé, mais s'il fallait en passer par là, elle le ferait sans hésiter. Rester juste à espérer que lui ne la connaissait pas. |
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Invité
| Sujet: Re: Et le goût terreux de ces étreintes labourées à pleine dent. Sam 3 Déc 2011 - 12:08 | |
| Athor avait déposé son voile d’ombres agitées sur des âmes acculées par une journée de plus. Ceux qui ont peur du noir sont ceux qui attendent le jour pour voir. Abhorrant la perte de la vue, le jour viendrait à eux. C’étaient eux les fous, on imaginait nous parvenir la rumeur citadine même jusqu’ici! La grande amnésie collective, tous chantaient la déesse électricité. Je ne m’en étais jamais lassé de cet or du soir qui ne peut pas tomber. Ils défiaient l’âme du poète canonisé, les bougres! Pourtant moi aussi j’avais été sur le point de prendre part à la tempête, je luisais. J'en étais un. Bourgeon de lumière accouché de cette strate incandescente. Nous étions tous des allumeurs de réverbères. Inertie doucereuse, bradée en compagnie de la promesse d’une omission de soi-même. Confort d'un quotidien qui, à en écouter certains, se serait borné à se révéler médiocre et platonique, rythmé par quelques divertissements sans autre charme que l’expectative de l’excès total. J’y glanais justement les trop plein et ma vieille rengaine ; le vide. Comme une part de moi-même refusant de revenir se glisser dans les rangs là où se trouve sa place. Je m’étais senti vide pendant quelques années, incapable de ressentir autre chose qu’une colère démesurée qui n’avait eu de cesse de me dévorer tout entier, confronté à la possible perte fraternelle. J’avais réussis à retrouver un certain équilibre avec son retour, à mettre une muselière à cette effrontée qui cessait de montrer les crocs à tout va. Subjectivement quiconque aurait mené une étude sur mon évolution psychique m’aurait considéré comme d’avantage maître de moi-même. Objectivement je demeurais cet animal régit par les scories rebutantes remontant des tréfonds de sa mémoire ; les réminiscences n’étaient plus ces fonces destructeurs que je cherchais à fuir ; elles étaient désormais mienne, confondues en mon génome même dont elles avaient orienté l’essor hasardeux. Les démons n’étaient pas faits pour être entiers, et éprouver d’autres sentiments que leur haine et cette soif de destruction et de vengeance travesties en diverses attitudes. Le vide ne pouvait être rempli par du bon, il restait ce néant chaotique.
La lumière, pouvait être cruelle. Je m’étais employé à amadouer l’ombre trop longtemps délaissée de cette nuit qui brillait comme un diamant noir luisant en ses morbides arrêtes et on venait s’imposer sur les rivages de mes tribulations. S’exercer à la solitude devenait plus ardu ; qu’on ose arguer que c’est moi qui provoquais le hasard… Au détour de l’un des rayons souffreteux de ses phares, qui s’étalait, aguicheur, s’imposait, rougeoyant, comme qui a peu d’heures encore à vivre, il y’eut un reflet déclinant dans mes pupilles de rapace. Elle n’avait pas cette apathie commune qui alourdissait les membres d’humanoïdes inconsidérés. « Un problème ? » J’avais au préalable relevé la tête afin de cueillir le bourdonnement de son moteur avant qu’il ne s’impose dans mon champ de vision immédiat. Comme désireux d’être témoin de la réalisation de mes plus saines aspirations ; que le véhicule s’encastre dans un tronc, qui sait, les Parques auraient pu avoir un semblant de cynisme. Au lieu de ça elles me servaient une jouvencelle dans un espace physique dénué de tout conspirateur malavisé ; vraiment elles devaient vieillir ; à trop tisser nos destins elles palliaient d’elles même aux conclusions et n’embaumaient plus mes rencontres de saveurs incongrues. Je ne crachais pas sur cette offrande, seulement j’aurais aimé à ce que mes heures soient d’avantage imprévisibles. A ses propos usuels, trop dépeints, trop attendus, trop…trop…vous voulez un dessin ? Je laissais échapper un soupir las et n’initiais aucune réponse. Ses jambes avalaient la route et gagnèrent ma silhouette, s’invitant en mon cloître érigé en d’invisibles mastics, où la fureur baisait le vraisemblable. Derrière elle galopait déjà son cadavre, et à mes yeux sa pureté n’était plus discernable.
« On dirait bien que ta voiture est en panne. » Elle avait posé ses paumes sur ma couche provisoire. Imperceptiblement une onde venait de se propager, fulgure indiscernable, infinitésimalement nuisible ; assez pour m’astreindre à investir dans une révision de mon circuit de refroidissement. Arborant un rictus oscillant entre le cannibalisme du forcené et le mielleux attractivement malsain je me redressais complètement, asseyant ma silhouette aux contours incertains, gonflée d’une agonie passée qui désormais déployait son petit cirque noir où noyer ses victimes. Allure décontractée qui témoignait de la propension que j’avais de moi-même ; nul besoin de s’encombrer de paraitre pour accueillir l’inconnue ; c’est elle qui foulait mon domaine ; comme le roi accueille son bouffon je patientais, en spectateur attentif et alerte. Mon pendant carnassier s’arma tandis que mon regard intrusif effleurait le sourire oligarchique de cette initiée…Finalement cette rencontre gagnait en singularité ; une sorcière qui s’essayait à mon propre jeu ?
« Je t'ai déjà vu au lycée, non ? » Examen minutieux, impudent et sans concession de cette candide silhouette offerte à mes perceptions anthropophages, domptées par le désir de posséder ces traits virginaux qu'elle arbore. Mes lèvres pincées en un rire sarcastique retenu, la déshabillent tandis que que sa conscience a depuis quelques minutes déjà serpenté jusqu’à ma présence. Je quitte l’impudeur du pare-brise, en amorçant un sifflement que d’aucuns auraient mis sur le compte d’une bourrasque entre ces buissons démunis, décharnés, dissuadant le pauvre hère cherchant son chemin de siester en ces lieux. Cette voix faussement ingénue ne leurrait personne, surtout pas l’intuition que j’avais particulièrement névralgique. Elle me connaissait. Mon souffle s’accapara son échine ; les volutes putrides dans lesquelles j’étais façonné passèrent de l’immobilité à une soudaine mouvance spectralement gutturale ; et je la lorgnais ainsi de toute ma stature qui était de l’ordre du gargantuesquement gargouillesque. J’imposais le silence des prémisses ; celui qui cueille les Carpe Diem de sa violence impromptue… Mon souffle s’échoua à l’ove de sa nuque, zéphyr marécageux, émanation du fond des âges contredisant mon aspect si adolescent ; tout cela puait l’être intrinsèquement morcelé ; chose qu’on lisait aisément dans mes pupilles où se succédaient une quantité illisibles de pulsions qui n’avaient pour seule fonction que de déroger au néant qu’on devinait latent.
« Si tu m’as déjà vu tu as sûrement éludé ma présence ; je n’aurais pas oublié ton galbe… Et cette défaillance de mes souvenirs m’amène à arguer qu’un certain chapitre n’a pas été exploré. Si tu étais en quête de la possibilité de te confesser à l’astre lunaire, sache que celui-ci est un de mes fervents inspirateurs qui se contente de son aigre neutralité frigorifiquement imperturbable. » Dès lors j’étais à même d’user à mon tour de mon héritage sorcier qui sans doute aurait annihilé chez elle tout désir autre que celui d’agréer ma personne dans le fait de se rassasier à ses membres. Mais puisque je percevais sa propension à se vouloir prédatrice je lui laissais l’opportunité de prouver sa valeur… Si elle se révélait décevante j’aurais tôt fait de me repaître de cette carne aux effluves rance de témérité avortée. J’avais déjà eu mon saoul d’organe et étonnement n’en redemandais pas ; du moins si l’occasion se présentait je serais brut et expéditif ; tortionnaire dans mon absence de langueur…
Dernière édition par Ezechiel Joyce le Lun 5 Déc 2011 - 1:22, édité 1 fois |
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Invité
| Sujet: Re: Et le goût terreux de ces étreintes labourées à pleine dent. Dim 4 Déc 2011 - 23:32 | |
| Se tenant toujours proche de la voiture, elle le considérait à peine, comme s'il ne l'intéressait que peu alors qu'au contraire, toute son attention était focalisée sur lui. Elle le voit se lever, du coin de l'oeil, mais elle ne réagit pas ; après tout, elle ne voudrait pas qu'il s'imagine qu'elle le craigne même si, dans le fond, c'était sans doute le cas. « Si tu m’as déjà vu tu as sûrement éludé ma présence ; je n’aurais pas oublié ton galbe… Et cette défaillance de mes souvenirs m’amène à arguer qu’un certain chapitre n’a pas été exploré. Si tu étais en quête de la possibilité de te confesser à l’astre lunaire, sache que celui-ci est un de mes fervents inspirateurs qui se contente de son aigre neutralité frigorifiquement imperturbable. » Il parle et elle ne peut retenir un sourire moqueur malgré elle en l'entendant s'exprimer, comme chacun de ses mots lui rappellent ceux de Sade. Les chiens ne font pas des chats, dit l'adage, et dans ce cas précis, il pouvait presque faire office de loi. Si elle n'avait pas eu peur de le mettre sur la voie, elle aurait bien lâché sur un ton amer que c'était typiquement Joyce, mais elle préférait lui laisser la surprise. Tout vient à point à qui sait attendre mais qu'il se rassure, il n'aurait pas à patienter très longtemps. Elle se retourne, lui faisant face l'espace de quelques instants, esquissant un sourire énigmatique qu'elle est la seule à comprendre, comme déjà se trament dans son esprit les prémisses de son plan, avant de reporter son attention sur les lumières de la Nouvelle-Salem qui, d'ici, sont autant de lucioles inaccessibles. Finalement, comme si elle s'était soudainement décidée à quelque chose, comme si un dilemme cornélien venait de trouver sa solution, elle avance d'un pas vers lui, penchant légèrement la tête en un sourire aguicheur tandis qu'elle avance d'un pas ou deux dans sa direction, plus proche de lui que la bienséance ne le prescrirait. « Autant passer le temps, tant qu'on est là... » La voix se fait volontairement lascive, un rôle de composition que toute personne la connaissant bien aurait démasqué aussitôt, mais Ezechiel n'avait pas cet avantage là. Attrapant du bout des doigts la chemise du jeune homme au niveau du ventre, elle l'attira vers elle avant de s'esquiver par un entrechat habile, le collant dos à sa propre voiture, se plaçant devant et face à lui, positionnant ses mains de part et d'autre de son corps, l'enfermant dans une cage métaphorique. Tout du long, elle ne cesse de sourire comme une de ces adolescentes idiotes qui ne penserait qu'à prendre un peu de bon temps avec le premier type potable croisé au bord de la route et déjà, elle passe à la vitesse supérieure, entrecalant sa jambe droite entre les siennes, en une proximité qui ne laisse aucunement place au doute.
Sade y verrait sans nul doute une quelconque ironie, qu'elle se serve du même procédé malhonnête que lui ; la séduction comme moyen de faire baisser sa garde à sa proie... Elle aurait au moins retenu cette leçon là de son entrevue avec lui. Ses prunelles bleues se lèvent vers lui, puisqu'il la surplombe en taille, et sa main droite se pose sur son torse, remontant progressivement, avec une lenteur étudiée, jusqu'à sa nuque, ses doigts allant se perdre avec douceur dans ses cheveux. Dans un sourire enjôleur, elle appuie davantage sa jambe contre les siennes tandis que ses lèvres viennent caresser le lobe de son oreille et que les doigts de son autre main se posent à peine sur sa gorge, léger, à peine perceptibles. Elle lui chuchote une formule en latin à l'oreille, pas peu fière de son effet et, aidé par un coup de pouce non négligeable de la magie, le couteau papillon qu'elle garde dans la poche intérieure de sa veste depuis sa rencontre avec Sade passe du vêtement à sa main gauche, le froid mordant de la lame rencontrant la peau du jeune homme. Elle n'appuie pas encore suffisamment pour le blesser ou pour faire couler son sang, mais l'acier n'en est pas moins menaçant pour autant. Elle le dévisage, son sourire se faisant plus carnassier que séducteur, alors qu'elle vient souffler sur ses lèvres. « Tu n'y es pas pour grand chose mais j'ai un compte à régler avec ton frère, Ezechiel... » D'un mouvement du poignet, elle change la position de la lame, passant du plat du couteau à la pointe qu'elle appose juste à la naissance de sa mâchoire. « J'hésite encore... Tu crois que je devrais me salir les mains sur toi ou bien te tuer tout de suite ? » Elle retira sa main de son visage, appuyant davantage l'arme blanche contre sa peau, en un avertissement clair ; s'il se mettait à bouger le petit doigt, elle n'hésiterait pas à le poignarder de sang-froid. Ou presque. Car, mine de rien, il lui fallait toute la force de sa volonté pour continuer à le menacer ainsi. Premièrement, parce que c'était loin d'être son genre et, deuxièmement, même si Ezechiel était sans aucun doute aussi cruel à l'intérieur que son frère, il ne lui avait rien fait. Il n'était qu'un pion dans une histoire sordide de vengeance et, puisqu'on était plus touché par le malheur des siens que par sa propre infortune, il était la personne idéale. Elle hésitait et plus elle hésitait, moins elle se sentait la force et le courage de mener jusqu'au bout cette exécution programmée, surtout si le jeune homme continuait à la regarder dans les yeux. Dans un soupir las, elle posa sa main gauche sur les paupières d'Ezechiel et inspira profondément, s'astreignant à lui donner le coup de grâce. Etait-ce plus facile de tuer quelqu'un qui n'avait pas de visage ? Visiblement pas. |
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Invité
| Sujet: Re: Et le goût terreux de ces étreintes labourées à pleine dent. Mar 6 Déc 2011 - 23:04 | |
| Ton sourire étrange ; empruntant par trop à la niaiserie du corps que l’on vend, déterrait l’hypocrisie de ta peau à venir. Tes commissures en nuances, arpentant les creux odorants du doute, hésitation contenue, tes yeux de rapace, sombres comme la plus noire des nuits traître et hôtes du talion, ton front se plissant en sarcasme, et tes mots qui se seraient voulu empoisonnés comme mille vipères qui se seraient insinuées doucement sous les draps de mon âme alors que mon esprit, confiant, aurait dormi sans craintes... Qu’importait que tu ne sois que l’apôtre d’Elbereth et que tu n’appréhendes tes actes qu’au mitant de leur réalisation sans même être convaincue de ta capacité à les mener à bien. Cette perplexité conférait à tes membres une attention toute particulière, nourrie de scrupules. Que les non-initiés au mensonge quotidien et aux plus détectables œuvres m’étaient arrimant ; désireux de suivre le cours des nécroses dont ils étaient nouvellement tributaires et de voir se peindre de minute en minute un nouvel être, je ne pouvais que m’absoudre à leurs frasques encore peu construites ; leur précipitation gagnerait avec le temps en inconcessions et en assurance caustique.
Ton déhanché sous mon pouls ; tu lui donnais ton souffle avec la certitude de l’illusioner ; continue donc, gibier suicidaire, continue ; darde le d’aigles noirs et cramponne ta moiteur à ma peau sans espoir… Tu es belle ainsi, fragile sans le vouloir, entre mes regards ; il y a tes reins partis, tracés vers nulle part que mes paumes s’approprient, t’engageant à plus dans la confirmation que ton charme opère. Soyons réaliste, le tango lascif ne se refuse pas. Les lignes alanguies de ta folie, sans but encore expectoré, s’accaparent mon torse ; de tes caresses gémissent quelques tares, enlacées de tes blessures intimes et qui luttent. Je salue les drapeaux qui tendent ta peau jusqu’aux quatre coins de mon champ visuel pour former la mappemonde de mon réel immédiat. Tu continues à couler, glisser, ramper, presque, comme un tapir, un doux machin qui se laisse griffer entre mes mains, à la fois tendre et vulgaire. Je te vois couler et je m’astreint à l’ascèse temporaire ce afin de rendre l’explosion imprévisible, la contenir pour mieux l’expectorer dans toute sa rudesse ; elle ne connaitrai ainsi ni frontières ni vêtement à la propension occultrice. Je te vois couler et je ne fais rien ; à peine une tentative d’effleurer ta gorge dénudée, emprise vive que l’on devine meurtrière mais qui se retire finalement, pour mieux se réapproprier ce terrain découvert à l’avenir. Je te vois couler ; comme un désespoir, comme un sourire cynique qui trotte dans la tête.
« Tu n'y es pas pour grand-chose mais j'ai un compte à régler avec ton frère, Ezechiel... » Le baiser mordant de la lame que je devine brillante, accolée au supplice de ma gorge, suante dans l’air frais de l’orée des landes, accolée au regard trop curieux dont je me sers souvent. Alors mes prunelles interdites se perdirent au creux des courbes de cette silhouette qui hébergeait un visage ; précis isolé, à croire que je n’avais encore jamais vu rien d’autre. Rien d’autre que cette quidam éhontée, ce couteau qui respirait l’heure des comptes à rendre. Il y’aurait de la douleur ce soir. Je gardai l’érection soudaine de mes sens que l’inconnue avait réussi à sortir de leur profonde lassitude ardente, maintenus dans le bouillonnement de mes tripes. Je souhaitais qu’elle endosse tout le poids de cette menace, il était vital la concernant qu’elle mène à bien sa besogne ; ce que le viol de ma quiétude néfaste avait mis à jour n’était autre qu’une funeste créature assoiffée d’extrêmes, si sa manœuvre n’aboutissait pas, elle se retournerait contre elle dans un désir gargantuesque d’effusion empirique. Un bref éclat dantesque de mon regard fut l’unique témoin de ces expectatives tenues muettes.
« J'hésite encore... Tu crois que je devrais me salir les mains sur toi ou bien te tuer tout de suite ? » De ses poignets flétris, s’appropriant tour à tour la lame (nul doute dans une volonté d’extérioriser son inconstance psychique mise à mal par trop de considérations antagoniques), croupissaient les résidus d’expériences précoces que les autres n’avaient pas encore vécues. Je me faisais violence pour me tenir impassible derrière le masque d’inquiétudes par lequel mon visage s’employait à être gagné. Sady avait accouché d’une nouvelle veuve ; cette donzelle avait dû être contrainte au deuil de son intimité et de ses plus intrinsèques convictions ; l’être ainsi mis à mal devenait œuvre de son initiateur, et celle-ci était des plus fidèle au canevas scabreusement Joyce. Il n’y’avait plus que les algues du dégoût de soi et de la désillusion pour la retenir à sa réalité. Au-delà de son faciès satisfait d’avoir enfin le pouvoir d’user de son libre arbitre, il y’avait l’abîme propre à ce dernier ; le tertre des décisions avortées par trop de réflexions (seuls les instinctifs étaient maître en ce domaine)…elle se perdait à démêler les nœuds marins de ses dilemmes. Plongée nombriliste pour gagner les sanctuaires de sa mémoire, tenter d’y exhumer la genèse de sa motivation. D’une main plus ou moins experte ; il était en réalité aisé pour une sorcière de faire preuve de dextérité ; elle meublait ses contingences en amortissant la menace physique de cette pique qui émoustillait ma carotide.
J’esquissais un aspect figé, pris mon souffle, et exhibant une affliction insondablement pénétrante, j’expirais d’une voie lamentable par ce qu’elle générait de pitié « A…Attends, je…j’ai pas d’emprise sur mon frère je… » Paupières coupables et éplorées « Il n'est plus de notre monde depuis des lustres. Je peux pas me résoudre à abandonner et malgré tout ce qui traduit son attitude aux préoccupations amorales espère le voir adopter une certaine mesure…Je, je sais que des armées de gamines pâtissent de mon inaction bercée par mes convictions chimériques, et je n’ai pas la prétention de me soustraire à ton jugement. Je te demande juste d’essayer de…comprendre. » Enfin j’osais relever mon portrait qui avait lentement glissé vers le sol. Les pensées que je soupçonnais s’entrechoquer dans l’esprit de ma prochaine étaient certes agréables par leur évidence, leur chair rosie, leur simplicité de mastication, mais facilement digérables elles se consumaient aisément à mon esprit qui se les représentait mais qui avait atteint un seuil autre de détermination, et j’avais à cœur de les éjecter puiqu’elles insinuaient une certaine langueur à cette rencontre qui avait pourtant débutée dans une promesse d’absolution décadente. Manque de ce qui avait été initié. Finalement il me faudrait faire partager à mon frère les défaillances de sa création non aboutie. La jeune femme, arrivée au terme de ses paliers de décompression, s'été immobilisée à mes propos de gamin abandonné dans ses espoirs caressée par les remous d’un possible cœur. Mais elle ne rencontra, hagarde, que mon visage altéré par mon hilarité face à sa crédulité. Aussitôt j’invoquais à mon tour quelques forces que je m’étais investi à étudier en autodidacte ce qui me conférait un savoir bien plus vaste que ce que le carcan scolaire avait pu me fournir. Le manche de sa lame se souda à ses métacarpes dans des langues noirâtres qui durent lui induire quelques brûlures fantasmatiques et inaltérables.
Je m’appropriais sa stature dominante sans plus de cérémonie, aspirant ses gémissements dans un feulement ; les atomes d’oxygène devinrent cannibales, lacérant l’espace de leurs canines insatisfaites. Ma charogne corporelle, façonnée par ma frustration ardente et ton mépris qui coagulaient ensemble, imposa son poids pour pallier à toute répréhension de ta part. Une poigne incisive immobilisa ce moignon tranchant qu’était devenu ton organe de préhension. « Si tu désires que cette rencontre aboutisse à une joute sorcière, sache que j’abandonnerai tes os sous les roues du prochain poids lourd. » Chuchotement poisseux tandis que mon bras libre quémande son dû le long des cuisses de ma compagne au regard des circonspections noctambule. Je laboure ton galbe de mes yeux affamés. Venin des sexes accroché à la terre, baisers avachis dans l'orchestre putride du soir, tes plaintes palpitent vers l’ombre de ma peau devenue froide comme des lèvres cruelles. Hémorragie du souvenir au fond de tes globes de renarde blessée aux espoirs lézardés.
T’aurais dû foutre de mon sang partout ! J’en sais rien moi…me mordre jusqu’au rouge ! Sourire fauve, les gencives grignotées par la dope. Bienvenue parmi les bêtes. Ici l'amour porte un nom sale, le nom d'un cri, un nom vulgaire remplissant de crache l'envers des capotes... En marionnettiste aguerri j’impose ta paume déshumanisée entre nos deux glottes accolées, amoindrissant ma résistance ; « Tu sais, il y a ceux qui meurent et ceux qui ne meurent pas. L'oubli est volatil. Toi, tu t'égares seulement au lieu d’embrasser à bras le corps ce que ton inconséquence à fait de toi…Absous ta haine dans tes actes ; mènent ceux-ci à bien. » Je l’enjoins à accentuer la pression de la lame qu’elle avait d’elle-même instaurée à mon encolure.
Il y’a des abîmes dans ses cernes humides et moi je m’entête à mendier mon existence au hasard de ses affres. Au pire je fuirai pour un pays sans paupières où les rêveurs dorment grand les songes. Je ne peux nier que dans cet acte ou la cruauté s’est travestie à l’intense, il y’a une certaine désespérance. Ce qui a n’en pas douter me rend véritablement intime. |
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Invité
| Sujet: Re: Et le goût terreux de ces étreintes labourées à pleine dent. Sam 10 Déc 2011 - 21:50 | |
| « A…Attends, je…j’ai pas d’emprise sur mon frère je… Il n'est plus de notre monde depuis des lustres. Je peux pas me résoudre à abandonner et malgré tout ce qui traduit son attitude aux préoccupations amorales espère le voir adopter une certaine mesure…Je, je sais que des armées de gamines pâtissent de mon inaction bercée par mes convictions chimériques, et je n’ai pas la prétention de me soustraire à ton jugement. Je te demande juste d’essayer de…comprendre. » Sans aucun doute, la jugera-t-on naïve et bien trop crédule, mais consolons-nous en nous disant que c'est une vertu propre aux innocents. Elle plisse légèrement les yeux, l'attitude et les mots d'Ezechiel ne faisant qu'ajouter à sa propre hésitation. Au fond d'elle, elle se doute pourtant qu'il est comme son frère, ou à peu de choses près, mais une partie de son être semble se plaire à espérer le contraire, comme en témoigne la lame d'acier qui s'éloigne lentement de la gorge du jeune homme. Un geste qu'elle regretta bientôt comme il relève la tête, dévoilant un visage à l'expression résolument moqueuse. Elle gronde à mi-voix, déjà prête à le menacer à nouveau mais Ezechiel fut plus rapide, avantagé par l'effet de surprise tandis qu'elle était retenue par la douleur vive qui s'emparait de sa main. Un gémissement à moitié étouffé comme elle tentait désespérément de se débarrasser de l'arme, catalyseur de sa souffrance, sans succès, ses doigts semblants souder à la garde en une étreinte brulante et douloureuse. Ses prunelles bleues le crucifient sur place, pleines de reproches et d'une surprise contenue. Un frère chasseur et un frère sorcier ? Jolie histoire. Ils auraient du être une nouvelle version de Polynice et Eteocle mais au lieu de ça ils se la jouaient Castor et Pollux. Elle n'aurait su dire lequel trahissait le plus son essence profonde mais, dans un cas comme dans l'autre, ils devaient chacun être la honte de leur camp. Toutefois, le fait qu'il soit doté de pouvoirs changeait considérablement la donne et nul doute qu'elle y aurait réfléchi à deux fois avant de s'en prendre à lui si seulement elle l'avait, ne serait-ce qu'imaginer. Il s'impose à elle, la bloquant de son poids, et Sutton retient une grimace fébrile comme elle méprise cette proximité et comme sa paume la fait atrocement souffrir. Sans réfléchir, par pur réflexe, elle lève à nouveau la lame vers lui, prête à frapper en un coup sec et incisif mais la poigne d'Ezechiel met son projet à bas, ses serres s'emparant de son poignet en une immobilisation qui la laisse quasiment impuissante. « Si tu désires que cette rencontre aboutisse à une joute sorcière, sache que j’abandonnerai tes os sous les roues du prochain poids lourd. » Elle ne répond pas, ses iris bleus semblables à un mur de glace, froid et empreints d'une colère muette. A quoi cela pourrait-il donc aboutir d'autre ? L'autre main du jeune homme qui se pose sur sa cuisse répond bientôt à sa question et un hoquet s'échappe de sa gorge, comme ces doigts s'imposent à son esprit comme une réminiscence de ceux de son frère et que, tétanisée, c'est son esprit qui cherche, dans les méandres de ses souvenirs, un sort capable de la sortir de là. Mais déjà, Ezechiel reprend les rênes et place la main de la jeune fille entre leurs deux gorges, lui arrachant un regard interrogateur, ne comprenant pas où il veut en venir, à quel jeu il a l'intention de jouer.
« Tu sais, il y a ceux qui meurent et ceux qui ne meurent pas. L'oubli est volatil. Toi, tu t'égares seulement au lieu d’embrasser à bras le corps ce que ton inconséquence à fait de toi…Absous ta haine dans tes actes ; mènent ceux-ci à bien. » Et, joignant le geste à la parole, c'est lui qui appose cette fois ci la lame sur sa gorge, laissant une Sutton aussi médusée que désemparée comme sa main tremble malgré elle, malgré toute la volonté dont elle pourrait faire preuve. Elle le dévisage de longues secondes, avant de laisser retomber mollement son bras le long de son corps, baissant le visage, les yeux fixés sur ses chaussures. « J'peux pas. » De longues secondes pendant lesquelles elle demeure immobile avant que, finalement, sans qu'on puisse s'y attendre, la lame se pose, rapide, au niveau de la cage thoracique, et que la jeune fille ne relève brusquement la tête, un sourire railleur sur le visage, les yeux brillants d'un feu féroce qui ne laisse rien présager de bon. Il est indéniable que l'adolescente apprend vite et qu'elle se fait un plaisir de réutiliser contre eux leurs propres techniques, transformant Ezechiel en un sujet d'expérimentation, en un cobaye auquel on ne culpabilise même pas de faire du mal. « Je n'ai pas peur de toi et je ne me laisserai plus bercer par les paroles venimeuses des Joyce. » Le nom avait été prononcé avec un mépris évident, une rancœur bien audible envers l'entièreté de leur race. Non, on ne la prendra plus à les prendre en pitié, à se fier à leurs soi-disants états d'âmes et regrets pour n'en récolter que de la douleur et de la peine en fin de compte. Ils ne méritent pas l'absolution et elle va se faire une joie de le montrer à Ezechiel. La lame s'affaire déjà faisant sauter les boutons de la chemise du jeune homme, ne manquant pas d'égratigner allègrement, plus ou moins profondément selon les endroits, la peau blanche du sorcier. Son sang laisse de longues trainées rouges sur son épiderme et elle ne peut s'empêcher de trouver ça beau, dans un sens. Comme les trois gouttes de sang sur la neige dans le roman de Chrétien de Troyes, toute une symbolique qu'elle lui accorde à lui, quand bien même il est loin de mériter un tel honneur. Guidé par sa main, le couteau remonte doucement, joueur presque, jusqu'au visage d'Ezechiel. « C'est une véritable honte d'abîmer un faciès si harmonieux, mais tu ne me laisses pas le choix. » Et déjà, une légère entaille vient décorer la joue de sa victime temporaire, les phalanges de la jeune fille venant, de façon instinctive, étaler le sang en trois longues trainées, qui correspondent aux trois doigts utilisés, sur le reste de sa figure. Elle sourit tout le long, ne le quittant des yeux que pour admirer l'hémoglobine qui entache son épiderme. La lame, elle, est déjà redescendue se poser sur sa hanche, l'effleurant sans l'entailler, dessinant des formules dont Sutton elle seule à le secret. Elle se hisse légèrement sur ses pieds, la pointe du couteau s'enfonçant à peine dans la peau, tandis qu'elle chuchote à son oreille. « J'vais faire de toi une véritable œuvre d'art, trésor. » Elle s'arrête toutefois, l'acier posé sur la chair sans plus la mordre, presque doux quand il ne se fait pas si incisif. |
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| | | | Et le goût terreux de ces étreintes labourées à pleine dent. | |
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