Je sais que j’aurais du écrire cette lettre il y a des années. Je sais que j’aurais du venir te voir sur ta tombe lorsque tu es morte. Tout comme je sais aussi que j’aurais du ne pas l’écouter, j’aurais du… faire beaucoup de choses que je n’ai pas faites. J’essaye de réparer mes fautes maintenant, même si je suis consciente d’arriver avec trop d’années de retard. J’aimerais dire que c’est de sa faute, et seulement la sienne, sauf que c’est faux. Peut être était ce de la peur, ou bien simplement l’envie de faire les choses biens, mais maintenant c’est terminé. Je ne t’ai pas assez dit que je t’aimais, tout comme je ne t’ai jamais dit quel point tu étais courageuse d’aimer mon père. Tu as peut être fait l’erreur de tomber désespérément amoureuse, mais tu étais tellement belle, tellement heureuse, que c’était un mal pour un bien. Je sais que tu voudrais que je lui pardonne, tu voudrais certainement me dire que ce n’est pas de sa faute, qu’il a simplement été aveuglé par le pouvoir. C’est le cas, sauf qu’il y a une chose que tu n’as jamais compris avec lui. Il ne t’aimait pas. Peut être au début, mais depuis qu’il est passé d’avocat à juge, il a complètement perdu la tête. Le pouvoir l’a rongé et il est devenu un monstre. Lorsque tu es morte, j’étais terrorisée par lui. Je pensais qu’à tout moment, il allait me faire la même chose, mais ça n’a pas été le cas. Il s’est excusé auprès de moi, il m’a promis qu’il ne me ferait jamais aucun mal. D’une certaine façon, c’était vrai, sauf qu’il m’avait déjà fait mal. Pendant toutes mes années lycées, j’ai pas arrêté de penser à toi et j’étais tellement triste. Je sais que tu ne voudrais pas que je m’apitoie sur mon sort, alors j’ai rebondi…

Si je t’écris maintenant, alors que je suis de retour à New Salem depuis plusieurs mois déjà, c’est parce que j’aimerais que tu me pardonnes. Je sais que je vais faire quelque chose de mal, je vais devenir plus cruelle que lui, je vais devenir un monstre tout comme lui, mais c’est pour la bonne cause. Cependant je ne pourrais pas faire ça si je sais que tu ne me pardonnes pas alors s’il te plaît… Je sais que tu l’aimes, je sais que tu avais besoin de lui, mais ce n’est pas mon cas. Mon père est mort en même temps que toi, maintenant, il ne reste plus que son enveloppe démoniaque, que je me ferais un plaisir d’éliminer.

Ce serait trop facile de t’appeler papa, ou même père. Pendant des années, tu t’es contraint à me faire croire les pires atrocités sur ma mère, celles que tu as toi-même commises. Tu as été fourbe pendant des années et lorsque je l’ai découvert, j’ai voulu te tuer. Sauf que je ne l’ai pas fait à l’époque, parce que j’avais peur de toi. C’est pour cette raison que je me suis éloignée, que je suis partie à la fac, le plus loin possible de New Salem. J’ai rencontré là bas un homme fort charmant, un très gentil chasseur qui m’a appris tout ce que je sais. Si je t’envoie cette lettre, ce n’est pas pour quémander un pardon ou te dire que je fais la tête, non… Je veux que tu ais peur. Je veux que tu te retournes dans la rue en te demandant si je suis derrière toi pour te tuer. Je veux que tu te poses des questions, auxquelles tu n’auras jamais aucune réponse. Oh, je sais que tu ris en lisant cette lettre. Je sais que tu ne me prendras pas au sérieux, mais tu devrais. Je ne suis plus la gentille petite fille que tu as connu, je suis une tueuse reconnue et tu es ma proie…

Je ne te nommerais même pas, ce serait te donner trop d’importance. Lorsque j’ai un jour décidé de ne pas m’attacher, je savais que mon cœur souffrirait, je savais qu’il se briserait de nouveau, comme lorsqu’il s’est brisé à la mort de ma mère. J’ai ce jour là découvert que l’homme est fait pour souffrir, fait pour être déçu. Je savais que ça m’arriverait, c’est pour ça que j’avais décidé de ne croire personne. C’est pour ça que j’avais décidé de rester hermétique aux sentiments de tous et les miens. Mais je suis arrivée chez toi, je suis arrivée dans ta famille. Je ne sais pas comment vous avez fait pour entrer, pour percer ma carapace, mais vous l’avez fait, vous êtes entrés… Toi particulièrement. Je te croyais mon ami, je te croyais assez mature pour ne pas t’enfuir. Mais tu es parti. Je sais que je suis un monstre, mais je ne l’ai pas choisi. Et je n’ai utilisé ma magie que pour te sauver la vie. Juste pour éviter que tu brûles… Je ne voulais pas te montrer cette facette détestable de qui je suis, mais je l’ai fait, contre mon gré. Et tu es parti… Tu ne m’as pas laissé le temps de m’expliquer, de te dire que j’abhorre la magie, que je ne vis que pour tuer tous ceux qui se nomment sorciers… Je les déteste tous, pour ce qu’ils sont, pour ce que la magie leur fait.

Tu étais certainement la personne la plus importante dans ma vie, mais je ne veux plus te voir, plus jamais. Tu m’as trahi… Tu m’as abandonné… Tu es parti loin de moi et je suis de nouveau toute seule. Lorsque je suis arrivé chez toi, j’ai appris beaucoup de choses, sur les sorciers, sur la chasse, beaucoup de choses. Je ne les oublierais jamais… mais toi, je t’oublierais. J’ai quitté le nebraska, je suis revenue chez moi, à New Salem. Une chose… Si jamais je te revois, je te tue !