Maëve... Je suis une entité omnisciente qui en réalité n'existe et je pense être donc tout à fait apte à vous ouvrir un peu la porte de ce qu'est cette jeune femme...

Avant toute chose, je pense pouvoir dire que les origines d'une personne peuvent raconter beaucoup de choses sur elle, sans pour autant la définir bien sûr. Aussi, je me permets d'aborder sa géologie ô combien complexe. Du côté de son père, elle est la digne descendante de la famille Foster qui s'est tristement illustrée durant la Chasse aux Sorcières de Salem. Puisque votre avidité se tourne principalement sur les faits qui ont un rapport avec notre chère New Salem, il suffit de savoir que le fils de Mary Lacey, fille de Ann Foster, a participé à quelques actions concernant New Salem, sa construction, ses mystères aussi. Seulement, cette lignée là ne s'est jamais étendue, se limitant à un héritier par génération survivant ou ayant des enfants jusqu'à la génération comprenant le grand-père de Maëve : John et Cara Foster, des jumeaux nés 77 ans plus tôt. John a préféré laisser la maison familiale à sa soeur et s'est exilé dans une ville proche de New Salem, sûrement pour s'éloigner de cette concentration de magie. Si John est mort assez jeune, Cara, elle, a vécu jusqu'à l'année passée... Elle a vécu veuve presque toute sa vie et a vu ses enfants mourir bien trop tôt : elle a donc tout légué à son neveu, Richard, mais surtout, elle lui a aussi légué ses petits-enfants. C'est donc à ce moment-là que la famille Foster a décidé de venir s'installer à New Salem mais ça, c'est un autre morceau de l'histoire... Parce que Richard n'est pas le seul parent sorcier de Maëve : sa mère aussi, est issue d'une lignée de sorciers, des sorciers bretons. Olwenn Le Guérec ne sait pas très bien jusqu'au remonte son arbre généalogique mais elle sait que sa famille a eu une place importante dans le folklore breton. Elle a des cousins en France, ainsi qu'une soeur à Rennes. La magie bretonne se pratique avec quelques nuances par rapport à la magie pratiquée par les sorciers en général. C'est là, que les origines bretonnes de Maëve sont importantes : ne vous l'avais-je pas dit ?

Comment Maëve est-elle devenue ce qu'elle est aujourd'hui ? C'est un point que je vais tenter d'éclaircir sans m'attarder sur ce qui n'est pas important mais surtout, en me penchant plus longtemps sur ce qui l'est...
Richard Foster a rencontré Olwenn Le Guérec lors d'un voyage professionnel effectué à Rennes pour un client. Les détails de cette rencontre restent flous mais comment imaginer que deux sorciers issus de grandes familles de la sorcellerie se soient rencontrés par hasard ? Certains parlent de destinée, je préfère parler de magnétisme magique : le mystique appelle le mystique... Et l'alchimie, quand elle est de mise, réussit à briser toutes les barrières... Richard a vu son affaire prolongée et il n'en a pas été mécontent, bien au contraire : les choses lui ont permis d'éclaircir son trouble et de comprendre que Olwenn était la femme de sa vie. Il a fini par rester deux années entières en France, aux côtés d'elle... Et au bout de ces deux ans, Maëve a vu le jour, à Rennes. Ils se sont mariés un peu plus d'un mois après, durant un sabbat païen évidemment. Seulement, l'affaire de Richard enfin bouclé, il a fallu trouver une solution : Olwenn a donc laissé son travail de consultante à la faculté de Rennes pour partir aux USA. Elle s'est vite dégotée un emploi de traductrice et de consultante en mythes et légendes : la technologie d'aujourd'hui lui permet même de travailler de chez elle désormais. Pas de Convens liés en Bretagne donc le détachement magique d'Olwenn s'est fait sans accroche. Seulement, elle a préféré ne pas se lier à un cercle non plus une fois de l'autre côté de l'Atlantique : sa pratique de la magie se limitait à une forme simple, de communion avec la nature, communion individuelle, presque pudique. Elle sait énormément de choses, bien plus que Richard lui-même sûrement, mais elle ne les applique pas. Son seul plaisir reste l'usage de la magie des plantes. Richard, lui, s'est vu affublé d'une sorte de lien à la naissance, un lien qui le concerne lui et sa famille... Là aussi, il s'agit d'une sombre histoire qui n'a pas lieu d'être racontée aujourd'hui.

Vous voyez ? Je m'égare légèrement si je ne fais pas attention... Retournons enfin à l'objet de notre entrevue : le jolie Maëve, née le soir de Litha. Le Soleil est un peu son compagnon, sa source d'énergie, un peu comme la pierre précieuse se sert de la lumière pour offrir l'étendue de sa beauté et de sa complexité géométrique : elle n'est pas née ce soir là par hasard, c'est certain. Elle possède les deux nationalités pour une raison simple : sa mère. Olwenn n'a pas voulu que ses enfants soient américains à 100% sur leurs papiers et c'est sûrement la meilleure des décisions administratives qu'elle ait prise. Maëve Cerridwen : le premier prénom en l'honneur des racines de son père, le second en l'honneur des racines de sa mère et du tempérament que les astres ont prédit pour cette enfant. Maëve n'a été fille unique que durant trois ans. Son frère Noah est arrivé, suivi deux ans plus tard de Maryann, la petite dernière. Une belle fratrie comme on en a pas vu depuis longtemps dans la famille Foster. Maëve est la sagesse incarnée, l'impulsivité aussi : deux traits contraires qui parfois se complètent à merveille. Elle a très vite eu un côté protecteur vis à vis de ses cadets et a passé son enfance à les surveiller, à les éduquer aussi : pas une éducation maternelle, loin de là, plutôt une éducation à la vie et aux bêtises. Elle ne se laisse pas faire et aide ses cadets dans ce sens... Une vraie tête brûlée qui n'a pas peur de dire ce qu'elle pense quand il le faut, si bien que ça lui apporte quelques ennuis régulièrement. Elle grandit au coeur de la magie mais on ne la lui enseigne pas avant son treizième anniversaire, une sorte de coutume protectrice choisie par Olwenn. Elle démarre alors un apprentissage lent et complet, qu'elle accélère dans son coin en dévorant des bouquins de toutes sortes quand elle n'est pas en pleine vadrouille dans la nature. Elle aime ça : la vie contée dans les livres et la vie réelle dehors, au milieu du vert, des cailloux, de l'eau aussi. C'est l'âme d'une fille de la campagne qui sommeille en elle, une fille qui a besoin de vivre à fond et de ne pas rester enfermée entre quatre murs pour travailler. Elle est atteinte d'un syndrome qu'on peut communément appeler la "bougeotte" : elle a besoin d'air sans cesse, de bouger, de découvrir pleins de choses. Elle sait alors vers quelles études elle veut se diriger, une fois arrivée à la fin du lycée : la géologie. Elle aime la Terre, son histoire et elle ressent une attraction forte pour les minéraux en tous genres. Elle ne se l'explique pas, c'est comme ça. Elle prend alors une grande décision : elle étudiera en France. Elle a donc passé cinq années à Rennes, auprès de sa tante maternelle et a obtenu un master en géosciences en 2010. Elle est revenue chez elle définitivement depuis un an tout juste où elle a décroché un emploi dans l'entreprise où son père est avocat : elle est chargée d'études de risques géologiques mais aussi environnementaux... Des affaires barbantes pour les non spécialistes.

La mort de sa vieille tante Cara l'été de son retour change les choses... Pour comprendre, il faut se pencher sur cette tante et sa vie. Elle a été mariée à un sorcier étranger à New Salem avec qui elle a eu deux fils. Ses fils ont gardé le nom de Foster et se sont vite retrouvés sans père quand celui-ci est entré en collision avec un arbre, un truste soir de novembre. Eux-mêmes ont eu deux enfants chacun avant de trouver la mort dans des circonstances mystérieuses auprès de leurs épouses... Cara a donc élevé seule ses quatre petits-enfants dans la connaissance de la sorcellerie mais avec une éducation qui diffère sûrement de celle des enfants de Richard. Ils sont donc désormais sept Foster de la même génération, chose qui n'était jamais arrivée. Richard et Olwenn prennent la décision de déménager pour s'installer à Crowhaven. La cohabitation est compliquée mais heureusement, la demeure est suffisamment grande pour tout le monde. Maëve apprend alors à mieux connaître ses cousins et les aiment réellement de plus en plus.
Les trois fratries vont bientôt comprendre pourquoi ils sont un total de sept...