I have known you my whole life, when you were ten, you said you'd make me your wife.

Une énième claque. Le regard féroce. Je pense qu'avoir une mère violente, intransigeante, avide de pouvoir et avec la folle envie de tout contrôler, c'est pire que si c'était mon père. Et ses longs cheveux blonds qui retombent en cascade sur ses épaules, elle est vraiment jolie... Mais c'est le diable déguisé. Son regard me transperce pire que des poignards, et elle punie, elle fait vraiment mal. Elle doit sûrement utiliser la magie pour ça, sinon ce n'est pas possible. Elle si belle, et si douce ? Malgré les coups et autres engueulades -sûrement bien méritées, j'ai toujours cette même foi pour ma mère. Elle si forte, et si femme pourtant, tellement puissante, elle est certainement un exemple pour Perséphone et moi-même. Quant à mon père, il reste toujours en retrait, attendant que la colère de sa femme soit passé pour bouger son cul de sa chaise. Sinon, il s'en fiche pas mal. Ce n'est pas lui qui va s'interposer, ça non jamais. Il sait aussi que jamais je ne toucherais ma mère... Car malgré mes sentiments contradictoires pour elle et pour lui, ils restent ma famille. Je les défendrais jusqu'à la mort, sans doute. Mais sur le moment je ne pense pas pareil, je ne deviens qu'une boule de nerfs. Je les déteste là tout de suite. Je déteste le visage si beau, défiguré par la haine, je déteste les yeux glacials du père poser sur mon dos. Et la douleur physique, qui n'est rien comparée à celle de mon coeur. Les larmes montent toute seules, mais je les retiens, je ne veux pas craquer et lui paraître si faible. Even angels have their wicked schemes and you take that to new extremes. Je dois partir avant de craquer, avant de devenir un être misérable. Alors je m'enfuis. La rue est mon refuge, et je passe ma colère sur tout ce que je trouve. Les boîtes aux lettres, les poubelles, et ... Elle. Assise sur le péron, c'est limite si elle m'attendais. Elle connait mes crises, y en a au moins trois ou quatre par semaine. Elle est comme un ange, et lorsque ses yeux bleus me dévisagent, je sais même plus où me mettre. Et pourtant, j'ai toujours cet air arrogant planté sur mon visage, je ne cille même pas. " Camille. " J'aime la façon qu'elle a de prononcer mon prénom, si féminin, si français, et entre ses lèvres rosées on dirait le plus beau prénom du monde. Je la dévisage longuement, j'ai la folle envie d'aller m'assoir à ses côtés, et celle de ne pas bouger. C'est toujours pareil, je ressemble à un chat sauvage, j'ose approcher personne, et si jamais c'est le cas, c'est juste pour les insulter et leur montrer ce que je veulent qu'ils voient. La carapace. Un besoin constant d'humilier les gens, de les rabaisser, pour me sentir moi le plus haut, toujours supérieur aux autres. Et lorsque j'ouvre la bouche pour lui lancer une remarque cinglante, lui lâcher un peu de mon sadisme, je ne trouve rien à dire. Je referme la bouche, on dirait un vieux poisson qu'on a sortit de l'eau. Et finalement je m'approche d'elle, comme à chaque fois, avec cette appréhension. Et je m'assois, une marche en-dessous de la sienne. Il y a ses doigts qui se glissent dans mes cheveux bruns, elle a dompté le chat sûrement. Alors je la laisse faire, je ne dis rien, je garde le regard fixé sur mes chaussures. " Ca va ? " Elle s'inquiète toujours, parce qu'elle est douce, tout le temps... Je sais qu'elle me change, et qu'elle arrive à toucher le vrai moi. Ma tête, posée à présent sur son genoux, je continue de regarder le sol. Ca va ? Pas vraiment. Il y a toujours la colère en moi, bouillonnante, j'ai l'impression de cramer, je suis plus qu'une torche humaine qui va tout faire flamber. " Oui. " Car dans le fond c'est apaisé que je lui réponds, sans savoir d'où ça vient. C'est comme si elle m'hypnotisais cette sorcière, c'est comme si elle faisais de moi ce qu'elle voulait. Sutton.


Ce n'est pas initiation du coven en-lui même qui me fou la frousse. Je sais pas ce que c'est, en faite. Et quand je marche, lorsque mes pas me ramènent à cet endroit tenu secret, je n'ai même pas envie de faire demi-tour. Non, je suis mes pas. J'étouffe, comme à chaque fois. Lorsque quelque chose que je ne contrôle pas se produit, je perds tout mes moyens. Ca ne se voit pas, mais mon coeur implose. Alors lorsque j'arrive et que je ne vois personnes en particulier, je m'assois en silence dans l'herbe et attend. Soudain je la vois, elle passe, comme un ange, et je sens mon coeur louper un battement. Ou peut-être même qu'il s'arrête. Mais elle ici, c'est juste impossible, alors je détourne le regard. J'attends avec impatience la fin de soirée, d'appartenir enfin à ce Coven et que ma mère me laisse tranquille. Le futur Chef est déjà entrain de tout préparer, ça va bientôt commencer. J'ai envie de me barrer, mais ma mère va me tuer... Ah. Alors je l'observe, dans ses gestes, je ne sais pas quoi penser de lui. Il m'inspire du respect, c'est peut-être normal... Et on me sort de ma torpeur, pour mieux m'entraîner dans une autre. Un rire, comme un carillon, qui résonne à mes oreilles. Impossible, elle ne peut pas être là... Pas maintenant. Mais mes yeux ne me trompent plus à présent, et alors qu'elle passe devant moi, comme si elle ne m'avait pas vu, je sens que mon coeur se glace. On n'oublie Camille et je deviens le dragon. Détestable, au fond de moi, qui ne s'éveille que lorsqu'il le faut vraiment. Je me lève, cours vers Elle à moitié, attrape son regard au vol et la fusille littéralement. " Sutton. " Et entre ses lèvres mon prénom n'aura jamais la même volupté que le mien entre les siennes. Moi il n'y a qu'une rage sans nom qui m'habite, qui a envie de tout mettre en feu et de tout envoyer en l'air, comme à chaque fois. Sauf que là il n'y a plus de boîte aux lettres et encore moins de poubelles dans lesquelles frapper. Je me sens juste crever sous son regard, et j'ai envie de tout envoyer en l'air. Une envie tellement importante, qui se bat au corps à corps avec celle de tout abandonner, et de tout lui dire. Ouais, j'ai peur de cette fille, de ses cheveux blonds et son regard d'ange. Je ne sais plus comment réagir. Tout détruire, ou alors juste dire ce que je ressens vraiment ? Quitte à vibrer une dernière fois, avoir ce dernier frisson, pour peut-être se confronter au silence. Je donnerais mon âme au diable pour Elle. Si je suis aliéné, ce n'est que par sa faute. Malheureusement, je ne connais que la destruction. Alors ici, ce soir, devant tout ces futurs membres du Coven, devant notre future famille, je crache mon poison. Délicieux, qui court entre ses veines. Je vais faire exploser ma prison de verre, celle que je me suis formé à ses côtés. Je vais tout envoyer en l'air. " Alors comme ça tu es une Sorcière ? " Mon regard se transforme en deux icebergs, je lui décoche le regard le plus immonde qu'on n'ai jamais vu. Il faut bien qu'elle comprenne, je suis trahis. J'enchaîne aussitôt, je ne lui laisse même pas le loisir de répondre. J'ouvre la bouche, mais la haine me coupe la parole. Les mots ne veulent même pas venir, je me sens tellement idiot, putain qu'on me rende ma voix. J'ai beau avoir les meilleures phrases du monde dans ma tête mais rien ne sors. Je vais me tuer, je crois bien. Tu touches mon coeur, l'esprit s'en ressent, et moi je suis fou. " Et moi qui croyais que tu tenais un peu à moi pour me le dire. " Voilà. Imaginé un seul instant que Sutton pouvait tenir à moi, c'est sortit. Malgré tout ce qui m'en empêche. Alors je lui jette un ultime regard, méprisant sans doute. Et me détourne sans même attendre de réponses. En faite, j'ai la haine. Vous voyez, Paine et Panic ? C'est moi, en un seul. C'est Hadès qui contrôle pourtant, toujours aussi froid et glacial. " Tu devrais m'oublier. " Et je m'éloigne, d'un pas raide, je n'ose même plus repenser à notre enfance. A nos moments. Tu sais, quand je caressais ton visage lorsque tu dormais, ou quand secrètement je faisais tout pour te rendre la plus heureuse, te combler encore un peu. Je vais tout oublier, tout faire cramer. Comme j'aurais du le faire depuis longtemps, comme ne jamais accepté ta voix fatale.